Utiliser de la pulpe de betterave pour fabriquer de la pâte à papier ?
L’idée peut surprendre. Elle est pourtant proche de se réaliser et devrait représenter un nouveau débouché pour les betteraviers.
Un projet européen
Lancé en septembre 2006, le projet européen «Beet Pulp» réunit 14 partenaires, dont les transformateurs de pulpes de betteraves et les professionnels de l’industrie du papier et de la cartonnerie, avec pour objectif l’emploi de pulpe de betterave comme additif dans les pâtes à papier.
La pulpe de betterave est le résidu récupéré après l’extraction du sucre des betteraves.
Des cartons plus résistants
Les particules de pulpe éviteraient l’utilisation de charges minérales (talc, kaolin) qui apportent de l’opacité aux papiers cartons. «Les particules de pulpe ont une affinité particulière avec les fibres de bois», explique Christine Chirat, de l'institut polytechnique de Grenoble, chargée des travaux scientifiques et de la coordination du projet. Cet aspect permettrait l’obtention de cartons plus résistants.
Toutefois, l’incorporation de la pulpe de betterave nécessite deux équipements particuliers : un sécheur dédié à basse température, afin d’éviter le noircissement de la pulpe, ainsi qu’un microniseur afin d’obtenir des micro-fibrilles de 100-150 microns.
L’étude technico-économique réalisée par l’Usica, qui regroupe les Sica (Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole) de transformation de pulpe de betterave montre que l’amortissement pourrait se faire en dix ans, «si le marché est garanti sur cette période» souligne Jean-Louis Striebig, directeur délégué.
Un débouché nouveau pour les betteraviers
En France, ce nouveau débouché intéresse évidemment les producteurs de betteraves.
L’incorporation de 5 à 10 % de pulpe dans les pâtes à papier impliquerait 100.000 tonnes de pulpe à livrer. Les papiers blancs et les journaux ne seraient pas concernés a priori dans un premier temps. Mais le secteur du papier emballage pourrait être intéressé.
La phase des essais réalisés en 2009 doit permettre de savoir si ce procédé est fiable techniquement et économiquement. Il faut ensuite construire avec les industriels papetiers un véritable projet industriel au niveau européen.
Pour l’instant le projet sort progressivement des cartons !