Le grand bol d'air des grandes cultures

Le réchauffement climatique est dû aux gaz à effet de serre, dont le gaz carbonique (CO2). Celui ci absorbe le rayonnement infrarouge, ce qui augmente la température de l'atmosphère. Aujourd'hui, tout le monde a pris conscience de la nécessité de limiter les gaz à effet de serre. Quel est, dans ce domaine, le rôle de l'agriculture et des productions végétales ?

Les rejets de gaz à effet de serre

Le carbone s'est accumulé en des millions d'années sous forme de charbon, de pétrole et de gaz. Aujourd'hui, la combustion de ces énergies fossiles provoque le rejet d'énormes quantités de CO2 qui représente 60% des gaz à effet de serre. Selon la Mission interministérielle sur l'effet de serre (MIES), en 2005, toute l'industrie représente le tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, suivie par les transports routiers qui en rejettent un quart, puis l'agriculture (21%) et le bâti (15%). Depuis 1990, l'augmentation des rejets de gaz à effets de serre est nette dans le domaine des transports (+22%) et de l'habitat (+15%). A l'inverse, la diminution est sensible dans l'industrie (entre -10% et - 19%) et l'agriculture ( -11%).

Vivre de lumière et d'eau fraîche... et de gaz carbonique

Les plantes vivent directement de la lumière du jour, de l'eau, du sol et de l'air. La photosynthèse se déroule dans les cellules végétales des feuilles. A partir du gaz carbonique de l'atmosphère, les plantes utilisent le carbone pour les sucres, les amidons, les acides aminés et acides gras dont elles ont besoin pour se développer et constituer des réserves (bulbes, tubercules, racines, graines...). Ainsi, les plantes sont de véritables pompes à gaz carbonique. Dans le domaine des grandes cultures, une céréale est composée en moyenne de 40% de carbone, puisé dans l'atmosphère. En France, au cours de l'année 2006, les grandes cultures ont ainsi capté 240 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent des quantités totales de CO2 rejeté par les transports, le chauffage de nos habitations, de nos bureaux, de nos commerces, de nos équipements collectifs. Bien entendu, ce stockage de carbone n'est que provisoire puisqu'il est consommé et recyclé au travers de l'alimentation animale et humaine.

Un grand bol d'air

Toutes les cellules des êtres vivants, dont les nôtres, respirent : elles consomment de l'oxygène, du glucose et libèrent du gaz carbonique. C'est en particulier le cas des cellules végétales. Mais si les plantes respirent, elles créent en parallèle de la matière organique grâce à la photosynthèse. Pour cela, elles assimilent le gaz carbonique de l'air, utilisent et stockent le carbone, et rejettent de l'oxygène. C'est la chlorophylle qui capte l'énergie lumineuse nécessaire à la photosynthèse. Cette libération d'oxygène renouvelle la réserve contenue dans l'atmosphère qui sinon serait rapidement épuisée par la combustion du pétrole, du charbon, du bois, des gaz naturels. Cet oxygène est nécessaire pour la respiration de tous les êtres vivants, c'est-à-dire nous-mêmes, les animaux et les plantes. Ainsi, que ce soit pour limiter les gaz à effet de serre, stocker le carbone, épurer l'air, renouveler l'oxygène, les chercheurs se tournent naturellement vers les plantes pour trouver des solutions.
Des scientifiques de la Faculté des Sciences de Gembloux (Belgique) ont calculé qu'une parcelle de betterave absorbe 600 grammes de carbone par mètre carré, c'est-à-dire plus qu'une forêt (500 grammes par mètre carré). Ainsi, avant récolte, la quantité de carbone contenue dans les betteraves atteint 10,5 tonnes par hectare, dont 8,6 tonnes de carbone dans les racines, et 1,9 tonne dans les feuilles. Un véritable puits de carbone dans lequel nous puisons notre énergie sous forme de sucre ou de biocarburants !
Un hectare de maïs produit 4 fois plus d'oxygène qu'un hectare de forêt. Comment est-ce possible? Le maïs est une plante qui est annuelle, qui pousse vite, dont la surface des feuilles est très importante, et dont l'activité de photosynthèse est maximale. Ainsi, en été, un hectare de maïs libère 220 à 250 m3 d'oxygène par jour, c'est-à-dire ce dont nous avons besoin, en tant qu'adulte, pour toute une année. Au total, les 3 millions d'hectares de maïs cultivés en France produisent en 20 jours d'été les besoins en oxygène de toute la population française pendant un an.
Pour bien se développer, et produire ce dont nous avons besoin, les plantes doivent d'abord avoir une activité photosynthétique efficace. Ainsi, pour de nombreuses plantes cultivées, les sélectionneurs étudient la taille, la forme, le port des feuilles pour que la plante reçoive le maximum d'énergie lumineuse. En effet, la feuille est l'outil de base de la plante. Le rendement d'une plante est également lié à la durée de l'activité de ses feuilles. C'est ainsi qu'un maïs tardif, à durée de végétation longue, donne un rendement supérieur. Les chercheurs créent ainsi de nouvelles variétés qui tirent le meilleur profit de leur environnement, et en premier lieu de l'énergie solaire.
La libération de l'oxygène par les plantes a débuté il y a environ 3,5 milliards d'années. Mais au début cet oxygène s'est accumulé dans les roches et les océans. Puis son accumulation dans l'atmosphère a permis l'explosion de toutes les formes de vie, il y a 600 millions d'années. Aujourd'hui, sans photosynthèse, avec l'ensemble des êtres vivants actuels, tout l'oxygène de l'atmosphère serait consommé en moins de 4000 ans.
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