Chasseurs et agriculteurs du Loir-et-Cher ensemble pour protéger la faune sauvage

Jean-Michel Vincent - Service technique - Fédération des chasseurs du Loir-et-Cher

Quelles relations entretiennent les chasseurs du Loir-et-Cher avec les agriculteurs ?

Jean-Michel Vincent - Service technique - Fédération des chasseurs du Loir-et-Cher
Nos relations sont bonnes. En dehors de quelques divergences sur les dégâts de gibier, chasseurs et agriculteurs du département travaillent régulièrement ensemble. Notre souci commun est la préservation de la faune sauvage. Nous envisageons de lancer un programme Agrifaune qui devrait renforcer encore notre bonne entente. Cette opération aura notamment pour objectif de développer des aménagements et des pratiques agricoles en faveur de la biodiversité.

Quels points pourraient encore être améliorés au niveau des exploitations agricoles ?

Dans le meilleur des mondes, nous souhaiterions que les agriculteurs diversifient davantage leurs cultures et conservent des éléments fixes du paysage : haies, bosquets, mares, bandes enherbées…qui sont des points de repère pour les animaux. Nous aimerions également que la période de non-interventions (broyage, fauchage) des jachères et bandes enherbées soit plus large, du 1er avril au 15 août, de chaque année, afin de coïncider avec la nidification des espèces qui utilisent ces milieux.

Votre département a été précurseur dans le domaine des jachères fleuries. Quel bilan tirez-vous de la mise en place des jachères environnement faune sauvage ?

Les jachères ont le double intérêt de valoriser le travail de l'agriculteur et de préserver la biodiversité en servant de refuges aux insectes, passereaux et petits mammifères. Elles apportent un véritable intérêt. La petite faune sauvage, comme les perdrix grises, rousses, les faisans, les alouettes, souffrent de la suppression de leur milieu. Ainsi, pendant les 5-10 premiers jours après leur naissance, les jeunes poussins ne se nourrissent que d’insectes. Le couvert végétal apporte donc la biodiversité nécessaire. Après la floraison, on demande d’ailleurs aux agriculteurs de les laisser en place puisque les animaux s’y sont habitués : cela permet à la faune sauvage de s’y réfugier pour passer l’hiver. De plus, les jachères fleuries augmentent l’effet lisière en cassant les grandes parcelles. Or la perdrix grise vit justement en bordure des cultures dans cette zone de lisière.

Comment faites-vous pour choisir les fleurs composant la jachère ?

Un semencier a expérimenté pendant cinq ans des associations de plantes. Il fallait qu’elles fleurissent de juin à octobre, résistent à la sécheresse, germent rapidement et soient à des prix abordables. Quelques espèces ont ainsi été retenues, parmi lesquelles les centaurées, de la famille du bleuet, les soucis, les cosmos ou les zinnias. Elles sont toutes issues de la sélection du semencier, améliorées pour la grosseur de leur fleur, la diversité de leurs coloris ou la durée de floraison, par exemple.

Continuez-vous à planter des haies ?

Chaque année, nous participons à l’opération « A la sainte Catherine, tout bois prend racine » que les chasseurs ont initiée en 1995. Depuis, notre fédération des chasseurs du Loir-et-Cher a travaillé à la mise en place de plus de150 km de haies et bosquets. La haie constitue un élément essentiel pour de nombreuses espèces animales : elle leur fournit nourriture, abri et même site de reproduction. Mais la haie a d'autres avantages pour l'environnement et l’agriculture : elle constitue un abri contre le vent très important et permet de protéger les cultures et les habitations. Elle retient également les eaux lors de gros orages ou de tempêtes. Elle se révèle enfin très utile pour le maintien de la qualité de l'eau des nappes phréatiques grâce aux racines des arbres et arbustes qui filtrent les résidus des pesticides et autres produits.
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