Vincent Savourat, qu'attend-on d'un terrain de rugby pour un événement comme la coupe du monde ?
Première exigence : tous les terrains doivent être de qualité homogène pour que les équipes aient les mêmes sensations et que les conditions de jeu soient similaires sur tous les stades.
Quant au gazon, il doit être très costaud pour tenir sous les appuis des joueurs, les courses, les mêlées, les sauts... Mais même un gazon résistant souffre durant un match. Il faut donc également choisir un gazon capable de se régénérer très vite entre deux parties.
Autre point important, même s'il est un peu moins visible pour les spectateurs : la structure du terrain. Le terrain doit être solide et compact, mais il doit aussi rester souple pour bien répondre aux demandes des joueurs et ne pas les blesser.
Faites-vous une différence entre un stade de foot et un stade de rugby ?
Oui, mais là, c'est essentiellement la tonte de la pelouse qui entre en jeu. Cette opération est primordiale pour la qualité du gazon et du tapis végétal. Les exigences en terme de hauteur de coupe varient d'un sport à l'autre. Pour le football, la hauteur doit être comprise entre 20 et 30 mm, pour un terrain de rugby entre 30 et 50 mm, pour un hippodrome entre 80 et 150 mm, et pour un green de golf entre 3 et 5 mm.
Par ailleurs, pour un stade de foot, la planéité est une qualité majeure car elle conditionne le contrôle du ballon. Au rugby, c'est la réponse du terrain qui prime : sa
résistance aux accélérations de courses doit être irréprochable.
Certains clubs ont-ils des exigences particulières ?
Parfois, surtout dans le domaine du football. Il arrive que les clubs exigent une hauteur de tonte spécifique, voire des
variétés bien précises. A Rome par exemple, le stade olympique est riche en cynodon dactylon ce qui permet de tondre la pelouse à 8 mm de hauteur en avril au lieu de 20 mm le reste de l’année. De quoi surprendre les équipes adverses, car la vitesse de la balle s'en trouve accélérée !
De même, certains entraîneurs français exigent des hauteurs de coupes très basses sur les terrains d’entraînement pour travailler les techniques de dribble et de contrôle de balle.
Il existe de nombreuses espèces de gazon. Quels sont vos critères de choix ?
En effet, il existe beaucoup d'
espèces et même de
variétés différentes. Nous prenons en compte plusieurs facteurs pour choisir le gazon le mieux adapté à chaque situation, comme l'intensité d'utilisation du stade, c'est-à-dire le nombre d'heures durant lequel il sera utilisé chaque semaine. Les conditions naturelles sont primordiales elles aussi. Nous tenons compte de la zone géographique, de la nature du sol, du degré d'éclairement du terrain etc. Ainsi, pour les stades de Marseille, Montpellier, Bordeaux ou encore Toulouse, nous avons choisi de regarnir les terrains avec de la fétuque élevée, alors que pour les stades situés plus au nord, nous avons opté pour du ray-gras anglais.
Dans tous les cas, l'objectif reste de faire en sorte que les joueurs retrouvent à chaque match un terrain en forme et répondant à leurs exigences. Et puis bien entendu d'avoir de belles pelouses, bien entretenues, qui fassent bonne figure sur les écrans de télévision !
Ces gazons sont-ils utilisables dans nos jardins ?
Oui, on peut trouver des
semences de qualité comparable en jardinerie, et les utiliser pour des pelouses familiales. Bien entendu, il s'agit de produits haut de gamme destinés à usage sportif. Comme votre pelouse sera probablement moins sollicitée que celle d'un stade, elle sera encore plus esthétique et gardera une forte longévité. Si le gazon résiste à une mêlée de rugby de plus de 800 kg, elle devrait pourvoir résister aux piques-niques et aux jeux des enfants sans problème !
