Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Créer quelque chose de nouveau, et travailler sur le vivant. Voir l'hérédité, comprendre comment les
caractères se transmettent.
Arriver à donner un coup de pouce à la nature et faire évoluer les plantes pour répondre à de nouveaux besoins. Quand on touche aux sciences du vivant, on se rend compte qu'il y a des limites. On est obligé de passer par des étapes, les résultats ne sont pas rapides, c'est un travail de long terme.
Comment répondez-vous aux attentes des producteurs et des consommateurs ?
Le producteur a besoin de
variétés productives et résistantes aux maladies, ce qui lui permet de limiter les traitements et de respecter l'environnement. Il recherche des précocités différentes pour étaler sa récolte dans le temps. Nous travaillons d'autres critères tels que la facilité d'entretien ou la facilité de récolte.
Pour la mise en marché, nous cherchons à améliorer l'aptitude à la conservation, l'apparence et l'uniformité des produits, en prenant en compte les demandes des consommateurs vers plus de diversité dans les couleurs, les formes.
Pour le consommateur nous avons réussi à créer des melons plus sucrés ; en tomate nous recherchons l'équilibre sucre-acidité, la tenue en bouche, l'équilibre nutritionnel, la richesse en vitamine C, la diversité : à farcir, pour l'apéritif,…; la facilité de préparation en laitue avec plus de feuilles dans le cœur ; l'aptitude des melons à être coupés en dés,….
Les sélectionneurs jouent-ils un rôle dans la préservation de la biodiversité ?
Il est important de préserver la biodiversité pour les besoins nouveaux de demain, que cette préservation soit publique ou privée.
La gestion des
ressources génétiques - l'accès, la maintenance et la conservation - fait donc partie du rôle du sélectionneur. Une entreprise de sélection doit être innovante ; elle doit se donner des priorités pour répondre aux besoins du marché. Sa problématique est d'essayer de sauvegarder des ressources exploitables, utilisables, accessibles pour l'avenir.
En France, nous faisons partie des réseaux de collecte et conservation des ressources génétiques en solanées, cucurbitacées, brassicacées et chicorées en partenariat entre
sélectionneurs privés et l'INRA, sous l'égide du Bureau des Ressources Génétiques. Nous contribuons à la régénération régulière des graines en les reproduisant selon un protocole défini pour qu'elles restent bien vivantes.
Ces réseaux sont reliés avec d'autres en particulier aux niveaux européen et mondial.
Quel est votre rôle vis-à-vis de la biodiversité ?
En Europe les nouvelles
variétés sont protégées par le Certificat d'Obtention Végétale pendant 25 ans.
Contrairement au brevet, le COV autorise l'utilisation de la variété dans les schémas de sélection sans rien devoir à son créateur, l'
obtenteur. Ce système préserve et encourage l'enrichissement de la biodiversité.