Que préférez-vous dans votre métier de sélectionneur ?
Parmi beaucoup de choses, c'est avant tout la liberté de créer. Nous imaginons les produits à créer pour dans 10 ans car il faut de 7 à 12 ans pour créer une variété de colza. A l'intérieur de contraintes techniques nous pouvons exprimer notre créativité.
Ce métier est complexe, le
sélectionneur a beaucoup de partenaires autour de lui. C'est un travail d'équipe structurée où les rôles sont bien définis : celui qui assure le suivi des générations, le responsable de la fixité, celui qui gère la production des
lignées parentales pour les
hybrides,… Il se pratique aussi bien à l'extérieur dans les champs à travers l’Europe, qu'au bureau, au laboratoire ou dans la serre.
Comment voyez-vous votre rôle de sélectionneur vis-à-vis de la société ?
Notre rôle de
sélectionneur, in fine, est de participer à un défi sociétal majeur.
L'explosion de la population mondiale combinée à la diminution des surfaces cultivables nécessitera de produire plus sur moins de surfaces. L'augmentation de la productivité est un enjeu majeur pour demain. De plus la société demande de produire mieux avec moins de produits de protection des plantes et d'engrais. Plus que jamais l'amélioration des plantes est une clé de ces enjeux.
Comment faites-vous pour prendre en compte tous les besoins ?
Nous faisons la synthèse de besoins de différentes natures : les orientations en matière d'agriculture et d'environnement, que veut l’agriculteur, le consommateur, que demande l'industrie ?
Au niveau agronomique, dans les régions ventées il faut des
variétés qui résistent à l'égrenage, pour l'Est de l'Europe des variétés résistantes au froid. Nous essayons d’adapter le colza envers les aléas climatiques (sécheresse, tempêtes,…).
Pour limiter les traitements chimiques, nous essayons d'introduire des
gènes de
résistance aux parasites qui se développent.
Pour utiliser moins d'engrais, depuis longtemps nous avons mis nos pépinières au régime en les cultivant avec très peu d'azote pour
sélectionner les plantes qui poussent le mieux avec moins d'engrais et sans traitement fongicide pour sélectionner les plus résistantes aux maladies.
Pour l'huile, nous avons sélectionné des colzas légèrement enrichis en omégas 3.
Les sélectionneurs jouent-ils un rôle dans la préservation de la diversité, et si oui, comment ?
La diversité végétale est à la source de l'amélioration des
variétés cultivées. Des
caractères utiles, comme des
résistances génétiques à de nouveaux parasites, peuvent se trouver dans des plantes sauvages. Heureusement, les sociétés privées non seulement ont maintenu chez elles du matériel végétal depuis très longtemps, mais ont enrichi la diversité avec leurs variétés et
lignées.
En France une collection nationale Brassica (colza, chou…) est en train de se mettre en place. Cela demande beaucoup de moyens. Les
sélectionneurs privés et l'INRA définissent ensemble le matériel qu'ils y apportent, celui qui est indispensable à conserver pour éviter toute perte.