Un agriculteur multiplicateur face au confinement

Maxime Gautreau, agriculteur multiplicateur de semences

Jeune agriculteur de 25 ans, Maxime Gautreau a fait de la multiplication de semences sa spécialité, avec 110 hectares dédiés au colza, maïs, blé tendre hybride, petits pois, choux, chicorée, et plusieurs variétés de fleurs. En période de confinement, il fait face en s’adaptant à de nouvelles contraintes et en multipliant également ses heures de travail.

©Maxime Gautreau

Qu’est-ce que le confinement change dans le quotidien d’un agriculteur ?

Je travaille seul sur l’exploitation, car l’apprenti qui est en formation avec moi, ne peut plus venir. Donc je fais seul ce que l’on faisait normalement à deux. Les produits phyto sont un peu plus difficiles à obtenir, il faut anticiper, tout préparer à l’avance. Et si l’on a des problèmes mécaniques, il faut essayer de les résoudre seul et retarder le moment où l’on aura besoin d’aller au garage !

Et en tant qu’agriculteur multiplicateur ?

Pour la multiplication de semences, le traditionnel tour des cultures avec les techniciens des entreprises semencières qui nous commandent les multiplications, n’est plus possible. Ils passent seuls et contrôlent les cultures, puis m’appellent et me font leur rapport.  En temps normal, nous arpentons ensemble les parcelles pour observer le développement des cultures. Maintenant, nous le faisons chacun de notre côté. La communication est différente.

Le confinement vous oblige-t-il à être encore plus vigilant ?

Avant, les techniciens passaient tous les 15 jours, mais actuellement ils espacent leurs passages. Heureusement, j’ai l’expérience et la maîtrise des semences que je multiplie, car, pour la plupart d’entre elles, j’ai déjà eu l’occasion de les cultiver. Néanmoins, je ne peux pas observer et réagir en même temps, comme je le faisais avec le technicien de production lorsque nous étions ensemble dans les parcelles. Mais, si j’ai un doute sur une maladie ou sur la conduite de la culture, je lui envoie une photo pour avoir son avis et bénéficier de son expérience, même si le risque de réagir moins vite face à l’apparition d’un ravageur ou d’une maladie existe. Nous fonctionnons avec de nombreux contacts et de la réactivité.

Vous êtes actif sur les réseaux sociaux, sentez-vous un changement dans la réception de vos posts depuis cette période de confinement ?

Je remarque qu’il y a plus de personnes extérieures au  monde agricole qui sont présentes et actives. Même si nous sommes à la période où les activités reprennent dans les champs, et que cela induit du trafic, je vois quand même que plus d’internautes viennent commenter mes posts. Comme notre métier est solitaire, et que cela s’accentue avec le confinement, l’activité sur les réseaux sociaux est la bienvenue !

Comment êtes-vous devenu agriculteur multiplicateur ?

Mes parents étaient agriculteurs et produisaient de la semence de maïs. Depuis mes 14 ans, je m’occupe de la castration ! Je me suis formé à l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers. Je suis diplômé d’un BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole, et d’une formation Agricadre de responsable en commerce et gestion pour l’agriculture et l’agroalimentaire. A peine ma formation terminée, j’ai eu l’opportunité de reprendre l’exploitation de nos voisins. Et, en trois ans, je l’ai résolument tournée vers la production de semences. Aujourd’hui, sur 130 hectares, 110 hectares sont dédiés à la multiplication.

Pourquoi avoir fait ce choix ?

La plus-value financière, la part de risque…  Rien n’est jamais acquis avec la multiplication de semences.  Il y a un vrai enjeu !  Il faut livrer des graines et il faut qu’elles germent, c’est très motivant. J’ai également beaucoup de plaisir à avoir des cultures différentes les unes des autres, d’avoir une vraie diversité !

Pensez-vous que la multiplication est un secteur d’avenir ?

Oui, même si avec la réduction des phytos, il y a plus de passage à la main ou mécanique et que cela augmente le coût de la main d’œuvre. La force de la France est de pouvoir diversifier énormément les variétés et, ce, sur de petites parcelles. Pour cette raison, nous travaillons très bien.

LG
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