Avec « Les enfants cuisinent », bien manger s’apprend à l’école

Olivier Chaput

Apprendre à cuisiner, à bien manger, c’est bon pour la santé, bon pour le porte-monnaie et bon pour la planète ! Olivier Chaput, chef cuisinier, partage sa passion avec les enfants et milite pour que la cuisine soit enseignée à l’école.

Olivier Chaput, chef cuisinier © Olivier Chaput

D’où est né le projet « Les enfants cuisinent » ?

Dans mon restaurant, je me suis aperçu que les enfants ne reconnaissaient pas les aliments dans leur assiette. L’art de la table se perd, la transmission des recettes de famille ne se fait plus entre les générations. L’association “Les enfants cuisinent” est née de ce constat, de la volonté de transmettre des connaissances et un savoir faire, d’éduquer les enfants aux bonnes habitudes alimentaires. Introduire la cuisine à l’école est aussi un moyen de parler de santé, de prévenir l’obésité infantile et les maladies dues à une mauvaise alimentation.

Que proposez-vous aux enfants ?

On a créé des programmes autour des recettes et des kits pédagogiques adaptés aux enfants, de la crèche jusqu’au lycée. En crèche, par exemple, nous proposons un crumble aux pommes. L’enfant manipule la farine, le beurre, apprend les textures, malaxe la pâte puis la transvase dans le moule. On travaille sur le toucher et la motricité de façon ludique.
Dans les écoles primaires, les ateliers sont calés sur le programme scolaire. Autour d’une recette régionale, on va parler de géographie avec l’origine des ingrédients, de maths en calculant les quantités nécessaires.
Au collège, les ateliers cuisine participent à la prise de conscience alimentaire des élèves. On met l’accent sur le lien entre l’alimentation et la santé. Sans être anti MacDo, ni anti kebab, ni anti produits industriels, on fait comprendre que l’excès est un danger. On n’est pas non plus contre les anti viande. Si certains sont végans, c’est l’occasion de les sensibiliser aux protéines végétales. Des recettes sont créées pour les enfants allergiques ou qui suivent des régimes. Il ne s’agit pas de contrer les habitudes de leur foyer mais d’ouvrir le champ des possibles, avec bienveillance.

Et pour les étudiants ?

L’idée est de leur apprendre à se nourrir sainement en évitant le gaspillage et en maîtrisant leur budget. Cuire des légumes de saison, faire une soupe, une quiche, accommoder les restes, apprendre des techniques de cuisson ou encore à associer des aliments leur permet d’être autonomes et économes ! Ils deviennent capables de faire des bons petits plats à partager avec leurs copains.

Vous intervenez aussi dans d’autres structures accueillant des enfants ?

Nous intervenons dans les IME et ITEP (1) auprès d’enfants en situation de handicap ou d’obésité. Certains ont un dégoût de la nourriture. Nous les amenons à découvrir d’autres aliments, d’autres textures. Les enfants ayant des troubles du comportement apprennent par exemple qu’en respectant la recette, ils obtiennent un bon gâteau. On leur explique que respecter les règles dans la vie, c’est important pour vivre en société.

Après dix ans d’existence, quels sont les résultats ?

Une centaine de chefs interviennent dans toute la France, souvent dans l’école de leurs enfants, puis c’est l’effet boule de neige. Les enseignants deviennent demandeurs car ils mesurent l’intérêt de la démarche. Ils constatent que le partage d’une recette crée du lien, fédère le groupe, réintègre les enfants isolés ou en échec scolaire. Les retours des enseignants et des parents sont très positifs. En 2021, 200 ateliers ont été animés dans des crèches et quelque 25000 enfants des écoles primaires ont bénéficié de cours de cuisine.

Que souhaitez-vous pour demain ?

Tous les enfants ont droit à l’accès à une alimentation de qualité. Notre souhait est de réintroduire des cours de cuisine à l’école. L’association “Les enfants cuisinent” s’appuie sur le groupe SOS, groupe associatif leader de l’entreprenariat social en Europe, pour mieux se structurer, être plus écoutée des politiques et rayonner plus largement. Un changement d’échelle en quelque sorte.

(1) IME : Institut médico-éducatif - ITEP : Instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques

Propos recueillis par Sabine Huet

LG
MD
SM