Décrivez-nous la Camargue en quelques mots
La Camargue est la plaine alluviale du delta du Rhône. C’est une zone humide de notoriété internationale qui s’étend sur plus de 100.000 hectares entre la mer Méditerranée et deux bras du Rhône, et dont les communes principales sont Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer.
C’est un territoire rural au climat rude (forte chaleur estivale, Mistral fréquent, sols à forte salinité, etc.) qui présente des patrimoines culturel, naturel et paysager d’exception.
Comment définissez-vous le rôle du Parc naturel régional de Camargue ? Comment s'y concilient écologie et agriculture ?
Le Parc Naturel Régional de Camargue est un syndicat mixte ouvert, élargi, qui représente une structure publique de concertation et d’animation pour le territoire. Ses missions sont inscrites dans une charte, élaborée en partenariat avec les différents acteurs du territoire, qui définit les grands axes d’actions pour une durée de 12 ans, renouvelable.
Depuis plus de 40 ans, le Parc assure un rôle de soutien à l’activité agricole et d’élevage. A la fois par un accompagnement à la création de marques et de signes de qualité et d’origine (marque sur les Produits du Parc pour les vins et les pommes de terre
primeurs des sables ; viande AOP Taureau de Camargue ; IGP Riz de Camargue ; Agriculture Biologique) et par l’incitation à de bonnes pratiques (mesures agro-environnementales concernant la gestion de l’eau dans les rizières ou l’entretien des fossés). Ces mesures se présentent sous forme de contrats de cinq ans, auquel l’agriculteur s’engage volontairement : adoptions de bonnes pratiques agricoles en contrepartie d’une rémunération.
Quel est le rôle écologique de la riziculture ?
En Camargue, la riziculture joue un rôle important dans la qualité agronomique des sols, en raison des apports d’eau douce qu’elle engendre. Elle façonne le paysage grâce à l’entretien du réseau hydraulique qui maille le territoire et permet chaque année d’importantes entrées d’eau (près de 700 millions de m3), qui compensent le déficit hydrique (1200 Mm3 d’évapotranspiration contre 600 Mm3 de pluviométrie/an).
Terres agricoles et milieux naturels se trouvent imbriqués et interconnectés. Une partie des besoins en eau pour l’activité agricole alimente les milieux naturels limitrophes. Ecologie et agriculture sont étroitement liées.
Quelles sont les particularités de la culture du riz dans cette région ?
La Camargue est en limite nord de la production de riz européenne du fait de l’ensoleillement nécessaire à la maturation des grains. La France se positionne à la cinquième place des pays producteurs européens après l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal. On dénombre en Camargue près de 230 riziculteurs qui cultivent chaque année une trentaine de
variétés différentes (riz blancs, rouges, parfumés, longs, demi-longs, ronds,…). Le climat camarguais particulièrement difficile implique une production en moyenne une tonne à l’hectare moins importante que celle des autres pays. Les producteurs français, réunis dans un syndicat et accompagnés par un organisme de recherche, le Centre français du riz, ont fait le choix de la qualité : l’Indication Géographique Protégée concerne 95% de la production de riz en France.
La riziculture représente la clé de voûte de l’agriculture en Camargue, car son action sur la diminution de la salinité des sols permet d’autres cultures céréalières ou fourragères en rotation.
Expliquez-nous pourquoi la culture du riz est importante d’un point de vue environnemental en Camargue
Vous l’aurez compris, le point central de la production de riz en Camargue est son rôle sur la baisse de salinité des sols. Les apports d’eau douce qu’elle génère dans le delta vont en partie permettre de maintenir sur le territoire une mosaïque de milieux doux, saumâtres à salés, qui vont influer sur la végétation locale et offrir autant d’habitats variés pour la faune et la flore.
Pourquoi est-elle paradoxalement pointée du doigt par certaines associations ?
Elle est parfois pointée du doigt en raisons des produits utilisés pour fertiliser les sols ou pour lutter contre les mauvaises herbes et contre la pyrale (papillon nuisible des rizières).
Les questions soulevées portent dans ce cas sur l’impact des traitements sur les milieux naturels limitrophes. Le Syndicat des Riziculteurs de France et Filière est aujourd’hui, aux côtés du Parc naturel régional de Camargue, particulièrement vigilent sur ce point.