Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Sortant d’études agricoles, je me suis intéressé dès le début à l’amélioration variétale, qui selon mes convictions, est la voie la plus écologique pour faire avancer l’agriculture : moins d’intrants, et un meilleur revenu pour l’agriculteur.
Le métier de
sélectionneur est très proche de l’agriculteur ou de l’éleveur : travail à l’extérieur avec les mêmes contraintes environnementales. L’approche scientifique permet aussi des rencontres personnelles enrichissantes. C’est un travail qui n’est jamais fini, le contexte évoluant sans cesse.
Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration des plantes ?
En ce qui concerne les
espèces fourragères, les sources dans la nature sont inépuisables et sûrement encore « sous-exploitées ». Ces espèces sont souvent présentes sous des climats très différents à l’état naturel. Nous réalisons donc régulièrement des prospections dans différents milieux naturels.
Le
sélectionneur s’appuie également sur les
ressources génétiques des concurrents : le
croisement avec d’autres
variétés, légalement possible, est aussi une voie pour générer une nouvelle variabilité génétique.
Que faites-vous pour les préserver et les régénérer ?
Nous avons nos propres chambres de conservation de
semences. De plus, nous participons au groupe de conservation des
espèces prairiales (GIS) avec des multiplications réalisées par chaque établissement.
Comment identifiez-vous les attentes de la société ? Comment y répondez-vous dans votre métier de sélectionneur ?
Une des premières préoccupations de la société est de pouvoir s’alimenter à moindre coût : l’amélioration génétique du rendement et de sa régularité face aux aléas climatiques demeure toujours un point essentiel dans les programmes de sélection. La notion de respect de l’environnement, notamment en diminuant l’utilisation d’intrants, est une attente plus récente de notre société : la
résistance génétique face aux agresseurs (maladies, insectes, etc.) fait partie intégrante de nos programmes de sélection.
Citez-nous quelques exemples concrets d’amélioration végétale
Dans le domaine des
variétés d’
espèces fourragères, la
résistance variétale aux maladies est une nécessité. La résistance aux rouilles sur la plupart des espèces de graminées a fait des progrès constants depuis trente ans. Pour la luzerne, la résistance au Verticillium, aux nématodes et à l’Anthracnose, a permis à cette plante de résister face à ces parasites.
Pour la plupart des espèces prairiales, les plantes à l’état naturel ont un cycle de pousse court, une date d’épiaison la plus précoce possible pour leur permettre de se reproduire : ceci n’est malheureusement pas très compatible avec l’utilisation alimentaire de ces prairies par des animaux ayant des besoins tout au long de la saison. Les nouvelles variétés, au contraire, ont été sélectionnées sur un cycle de pousse le plus long possible : un démarrage précoce au printemps, une épiaison tardive et une pousse plus constante sur toute la saison.
Comment est financé ce travail de recherche ? Quel est l'intérêt du « Certificat d'Obtention Végétale » ?
Notre recherche est financée par un prélèvement sur les ventes de
semences de nos
variétés, les royalties. Ce système ne peut fonctionner que grâce à une protection des nouvelles variétés inscrites au niveau national et européen. Une étude est réalisée pour prouver que notre nouveauté est bien unique, permettant de la distinguer de toutes celles qui sont déjà inscrites. C’est là qu’intervient le Certificat d’Obtention Végétale, permettant de protéger notre travail : de longues années d’efforts pour aboutir à un réel progrès génétique.