Comment le projet « Je jardine ma ville » a-t-il été initié dans votre commune ?
J’ai été élue en mars 2008. Dès mon arrivée au conseil municipal de Bernes-sur-Oise (95), j’ai mis en place le projet « Je jardine ma ville ». En mai de l’année suivante, nous avons commencé les premières plantations. En effet, la thématique du développement durable était fortement ancrée dans le projet électoral de notre équipe municipale.
Quelles étaient vos motivations pour lancer ce projet ?
Nous désirions améliorer le cadre de vie des riverains en fleurissant davantage la ville. Par ailleurs, je me sens personnellement très concernée par le développement durable, l’écologie, le fait de ne pas utiliser d’insecticides ou de pesticides. Ce sont tous des angles forts de « Je jardine ma ville ».
C’est pourquoi nous nous sommes mis en contact avec des communes qui s’étaient investies dans ce projet. Les relations que nous avons pu établir avec elles, et les résultats que nous avons constatés sur le terrain, nous ont convaincus de l’utilité de ce projet pour notre propre commune.
Quelle aide le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) vous a-t-il apporté ?
Le CAUE du Val d’Oise nous a surtout fait bénéficier de son rôle de conseil. Comme il n’avait pas de disponibilité pour nous accompagner sur le terrain auprès des habitants, le CAUE nous a appris la méthodologie du projet dans la ville d’Auvers-sur-Oise, pionnière dans le domaine.
Nous avons ensuite défini l’itinéraire de fleurissement en conseil municipal. Les membres de la Commission Environnement, dont je suis la présidente, se retrouvent tous les ans pour le faire évoluer. Le dernier en date intègre le parc de logements locatifs et sociaux. Et nous comptons poursuivre le développement de ce projet en 2012 et en 2013.
Comment les riverains se sont-ils impliqués dans « Je jardine ma ville » ?
Pour sensibiliser les habitants de la commune au projet « Je jardine ma ville », nous avons fait du porte à porte. Nous allons régulièrement à leur rencontre. Nous leur expliquons que les objectifs de ce projet sont d’embellir leur cadre de la vie. C’est pourquoi les habitants se sentent concernés.
Il se trouve que la majorité des bénévoles aime bien les fleurs : ils sont donc bien motivés. Mais les débuts ont été difficiles. Je me rappelle qu’au lancement de « Je jardine ma ville », j’ai envoyé des invitations pour convier les habitants à venir en discuter à la mairie. Personne n’est venu ! Nous avons donc fait le choix d’aller au devant d’eux, en faisant du porte-à-porte, ce qui nous a permis d’entrer en interaction avec eux. Pour motiver les jardiniers bénévoles, nous leur offrons un petit déjeuner au milieu de la rue, les jours où ils doivent choisir leurs plantes et au moment de la plantation. Cela permet de les faire sortir de chez eux et de créer une rencontre conviviale dans la rue.
Toutefois, environ la moitié des riverains reste réfractaire au projet « Je jardine ma ville » : certains sont très âgés et évoquent des raisons de santé, d’autres ne sont pas intéressés par les enjeux du projet, tandis que le reste est trop occupé par ailleurs, car ils sont nombreux à aller travailler sur Paris.
Quel effort ce projet demande-t-il à la municipalité ?
J’estime le budget de « Je jardine ma ville » à environ 1.500 euros par an, pour une dizaine de riverains engagés. C’est à nous de faire vivre le projet et d’être à l’origine des initiatives. Comme les habitants de la commune sont peu sensibles aux appels diffusés dans le journal municipal, nous choisissons donc l’itinéraire cultural en conseil municipal, puis nous informons les riverains concernés que le projet va se mettre en place. C’est alors qu’ils s’investissent et choisissent les plantes vivaces dont ils veulent s’occuper.
Pour réveiller encore davantage leur intérêt, nous avons décidé de mettre en place des initiatives autour de « Je jardine ma ville ». Nous réfléchissons donc à mettre en place une bourse aux plantes ouverte à tous.
Quels bénéfices votre commune en a-t-elle tirés ?
Je constate que les riverains qui ont bien voulu s’engager ont tissé des liens forts, une fois l’opération lancée. Leurs relations sont plus chaleureuses, ce qui n’est pas évident de prime abord dans une période un peu individualiste. En outre, dans notre petit village, nous avons deux jardiniers. Leurs relations avec les habitants de la commune s’en sont trouvées améliorées : ils ont désormais beaucoup de contacts entre eux.
Les riverains bénévoles apprécient également beaucoup les conseils de jardinage. Lors de la plantation, nous leur remettons un fascicule réalisé par le CAUE, qui leur permet d’acquérir des compétences nouvelles.
Enfin, nous avons eu une fleur au Concours national des villes et villages fleuris, ce qui était une gageure pour notre village, qui a été bombardé pendant la guerre et reconstruit au carré. Le cabinet qui nous aide sur le Plan local d’urbanisme nous a également complimentés sur nos rues fleuries grâce au projet « Je jardine ma ville ». Mais surtout, les habitants nous ont manifesté leur approbation, car leur ville est désormais plus agréable à vivre et ils sont très contents de l’embellissement de leur cadre de vie.