Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
L’activité de sélection est variée car les travaux s’enchaînent au rythme des saisons.
Elle demande une bonne compréhension des outils de la génétique mais aussi des connaissances de base en biologie, agronomie, statistiques etc., et un bon esprit de synthèse.
De plus, les collaborations avec les autres acteurs de la filière
semences (INRA, Instituts Techniques, utilisateurs ou transformateurs, …) sont généralement très enrichissantes.
Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration des plantes ?
Principalement notre propre matériel génétique, les
variétés protégées inscrites dans les différents pays, le matériel des banques de
gènes.
Que faites-vous pour les préserver et les régénérer ?
Nous disposons de chambres froides pour stocker des
semences d’un certain nombre de
lignées ou accessions que nous estimons pouvoir être utiles aux travaux ultérieurs d’amélioration des
espèces que nous travaillons.
Nous participons également à des réseaux de conservation et d’évaluation de
ressources génétiques avec l’INRA et d’autres entreprises de sélection.
Qui peut les utiliser ? Sont-elles accessibles à tous ?
L’ensemble des
variétés de céréales que nous avons inscrites et protégées sont disponibles à tous les
sélectionneurs pour des
croisements, c’est le principe même de la protection par Certificat d’obtention végétale (COV). Par contre, nous ne donnons pas accès à notre matériel non inscrit, sauf de façon ponctuelle dans le cadre de programmes coopératifs.
Comment identifiez-vous les attentes de la société ? Comment y répondez-vous dans votre métier de sélectionneur ?
Nous essayons d’identifier les attentes de la société en tant que citoyens mais ces attentes sont parfois contradictoires et peuvent également varier au cours du temps. Un programme de sélection étant un travail de longue haleine (environ 10 ans par cycle de sélection), nous devons être attentifs aux attentes que nous percevons comme récurrentes. Les préoccupations en matière de santé et de défense de l’environnement nous paraissent majeures et nous nous devons d’y répondre pour la part qui nous concerne.
L’obtention de
variétés plus résistantes aux maladies, moins gourmandes en azote, donc cultivables avec des niveaux d’intrants plus bas nous semble aller dans ce sens et ce sont bien des objectifs majeurs pour nous.
Citez-nous quelques exemples concrets d’amélioration végétale
Je peux citer par exemple la création récente d’une variété de blé tendre qui est actuellement non seulement la deuxième variété la plus cultivée en Espagne, mais aussi la N°2 en Argentine et la N°1 en Uruguay. L’originalité de cette variété, outre son bon rendement et sa très bonne qualité boulangère, est qu’elle présente une
résistance à la rouille brune tout à fait remarquable, permettant aux agriculteurs de ces pays d’Amérique du Sud, d’obtenir des niveaux de rendements exceptionnels pour ces régions, où la rouille brune est une maladie particulièrement virulente et dévastatrice.
Comment est financé ce travail de recherche ? Quel est l'intérêt du « certificat d'obtention végétale » ?
Ce travail de recherche, pour les plantes non-
hybrides que nous sélectionnons (céréales, pois, colza, luzerne), est financé exclusivement par les royalties que nous percevons sur les ventes de
semences certifiées de nos
variétés. Pour le blé tendre, nous percevons également un complément de ressources à travers une cotisation recherche payée par les agriculteurs lors de la vente de leur récolte.
Le « certificat d’obtention végétale » (COV) qui peut être délivré pour une nouvelle variété est l’équivalent d’un droit d’auteur : il certifie que nous sommes bien le créateur de cette variété, nous permet de nous protéger d’éventuels contrefacteurs et d’exercer notre droit en percevant des royalties.
L’avantage du COV par rapport au système du brevet est que la variété protégée peut être librement utilisée pour de nouveaux travaux de sélection. Cette liberté d’accès augmente la variabilité génétique utilisable et concourt au progrès génétique.