Créer des variétés, c’est faire du concret

Jean-Pierre Jaubertie - Directeur recherche et développement AGRI-OBTENTIONS

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Jean-Pierre Jaubertie - Directeur recherche et développement  AGRI-OBTENTIONS
Plusieurs aspects fondamentaux :
  • La sensation de faire du concret, d’être dans la réalité de l’agriculture ;
  • Le contact avec la nature ;
  • La diversité des contacts, des années ;
  • Etre à l’interface de la recherche, du développement de la production et du marketing.

Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration des plantes ?

Pour créer des variétés, il faut d’abord générer de la variabilité génétique, c'est-à-dire recroiser entre eux des parents ayant des caractéristiques complémentaires favorables. Les parents utilisés peuvent avoir des origines très différentes :
  • Des variétés inscrites et commercialisées : le Certificat d’Obtention Végétale permet, contrairement au brevet, d’avoir un accès libre et gratuit au progrès génétique ;
  • Du matériel en cours de sélection dans son propre programme (souvent du matériel non encore fini, mais présentant des caractéristiques intéressantes) ;
  • Des ressources génétiques maintenues dans des centres spécialisés (INRA en France par exemple).

Que faites-vous pour les préserver et les régénérer ?

Nous participons, avec les autres semenciers, à des réseaux de préservation des ressources génétiques. Tous les ans, l’INRA nous confie un certain nombre de ressources génétiques à multiplier et sur lesquelles nous devons faire des notations : précocité, résistance aux maladies, etc.

Qui peut les utiliser ? Sont-elles accessibles à tous ?

D’une façon générale, l’accès aux collections nationales de ressources génétiques est libre, de même que pour les variétés inscrites et commercialisées. Le matériel de travail qui est dans nos pépinières n’est bien sûr pas ouvert à tout le monde, sauf accords particuliers.

Citez-nous quelques exemples concrets d’amélioration végétale

Une variété d’échalote vient par exemple d’être inscrite au Catalogue Français, elle présente une résistance à une importante maladie fongique, le mildiou. Cette résistance permet de réduire considérablement le nombre de traitements phytosanitaires et elle rend ainsi possible la culture de l’échalote dans les conditions de l’Agriculture Biologique. Nous avons trouvé le gène de la résistance à cette maladie dans une espèce apparentée : Allium roylei. Fort heureusement, les croisements entre cette espèce et l’échalote sont possibles. Les innovations variétales ne sont généralement pas spectaculaires pour le grand public et cependant tout le monde connaît la variété de fraise « Gariguette » issue de travaux de recherche de l’INRA.

Comment est financé ce travail de recherche ?

Le travail de recherche est financé par plusieurs sources complémentaires : les ressources de l’entreprise, le retour de redevances (variétés pour lesquelles nous avons concédé des licences de production et de commercialisation) et des subventions de recherche.

Quel est l'intérêt du « Certificat d'Obtention Végétale » ?

Le Certificat d’Obtention Végétale est d’abord un titre de propriété. Il permet de défendre les droits de propriété intellectuelle en cas de plagiat ou de contrefaçon. En contrepartie, il permet à chacun de bénéficier du progrès génétique, soit dans son exploitation si l’on est agriculteur, soit en tant que sélectionneur, en pouvant utiliser la variété dans son programme de sélection.
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