Sélectionner, c’est d’abord créer de la diversité

Gilles Fouquin-Directeur-SECOBRA

En quoi consiste votre métier et qu’est-ce qui vous plaît le plus ?

Gilles Fouquin-Directeur-SECOBRA
La sélection variétale est un métier original. Chez SECOBRA, nous créons des nouvelles variétés d’orges mais aussi de blés. D’abord nous recherchons un grand nombre de parents intéressants pour créer par croisement une diversité génétique. Imaginez qu’au bout de deux ans, nous obtenons environ cent cinquante mille descendants. Huit ans plus tard, nous ne déposerons qu’entre une et cinq variétés pour qu’elles soient commercialisées. Le métier de sélectionneur, c’est donc d’abord de créer de la diversité et ensuite, d’en éliminer la plus grande partie pour ne garder que les variétés les plus intéressantes. La création et l’étude des nouvelles variétés sont passionnantes en céréales à paille. Pourquoi ? Parce qu’il est question à la fois d’agronomie et de qualité, avec de multiples facettes. En fait, un blé meunier ou une orge de brasserie ont deux «clients» : l’agriculteur et l’industrie agro-alimentaire. Dans notre métier, nous devons nous poser les questions suivantes : Pour quels terroirs ma variété est-elle bonne? Pour quels cahiers des charges de l’Industrie ? Ceci nécessite une grande expertise, beaucoup d’échanges, de la passion et des outils interprofessionnels pour mieux caractériser l’innovation variétale. Le matériel agricole et les nouvelles variétés de blé et d’orge sont les deux sujets qui intéressent le plus les agriculteurs.

Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration de l’orge (collections, réseaux, échanges) ? Quel rôle jouez-vous pour préserver la biodiversité existante ?

Nous travaillons particulièrement sur l’amélioration de la qualité brassicole des orges, ou sur les critères technologiques des blés : blés biscuits, blé waxi (100% amylo pectine). SECOBRA a été précurseur et a beaucoup travaillé à l’introduction de la qualité brassicole dans les orges à deux rangs d’hiver puis celles à six rangs. Pour les orges de printemps, nous commençons à étudier des génotypes adaptés à des climats semi-arides ou arides, dans des conditions de récolte parfois tropicales. Car c’est là que désormais l’industrie brassicole se développe (Chine mongolienne, Kazakhstan, Inde, Brésil, certains pays d’Afrique, etc...) avec de plus en plus la recherche de matières premières locales, même si le prix n’est pas toujours compétitif mais peut être plus favorable pour l’économie locale et l’empreinte carbone.
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