Comment la société ARD est-elle née ?
Les agriculteurs champardennais ont toujours eu à cœur de prendre leur destin en main, en investissant, à la fois dans l'amont et l'aval de leur métier. A partir des années 60 démarrent les investissements dans la première transformation agro-alimentaire : malterie, meunerie et maïserie.
Deux décennies plus tard, émerge la notion de valorisation non alimentaire des agro-ressources. C’est de cette vision qu’est née en 1989 ARD, structure de recherche privée mutualisée ayant à son capital des acteurs majeurs de l'agro-industrie française ainsi que des coopératives de Champagne-Ardenne et de Lorraine.
ARD est aujourd’hui engagée sur plusieurs projets. Quels sont les plus prometteurs ?
Les débouchés existent déjà dans le secteur des tensioactifs, c'est-à-dire ces associations de sucres et d'alcools gras, qui donnent toute une gamme de produits pour la cosmétique et la détergence.
De nouvelles sources de valorisations s’ouvrent maintenant grâce aux biotechnologies, c'est-à-dire l'utilisation d'auxiliaires vivants tels que les levures ou bactéries. Elles devraient permettre de produire des molécules d'intérêt pour la chimie en alternative au pétrole. C'est l'exemple de l'acide succinique. Cet acide sert de complément alimentaire pour réguler l'acidité. Il est également utilisé dans des cosmétiques et des produits pharmaceutiques.
En 2020, il est probable que dans les pays développés, 20% des produits chimiques seront issus de la chimie verte.
Les plantes pourront-elles se substituer aux produits issus de la pétrochimie dans la fabrication de matériaux ?
La substitution ne sera jamais totale mais les perspectives de développement des biomatériaux sont prometteuses aussi bien dans le bâtiment que dans les secteurs de transports (voiture, train, avion) et des sports et loisirs. Reste à être performant en termes de qualités, compétitif en prix et disponible en quantités suffisantes pour satisfaire les marchés.
Que répondez-vous à ceux qui considèrent qu’il y a une contradiction entre une agriculture qui nourrit les hommes, et celle qui produit de la matière ou de l'énergie ?
Il n’y a pas de contradiction. L'analyse du moyen et du long terme nous révèle deux choses : un besoin d’augmenter la production agricole pour nourrir une population de plus en plus nombreuse et un besoin de valoriser la biomasse pour apporter une substitution progressive aux produits d’origine fossile. C’est pourquoi, il faut continuer d'investir en recherche & développement afin de tirer parti de l’ensemble ressources végétales, agricoles et forestières, et de leurs coproduits.