Les agriculteurs peuvent infléchir l'impact du changement climatique

Patrick Bertuzzi - Directeur veille agroclimatique - INRA

Comment les plantes réagissent-elles au changement climatique ?

Patrick Bertuzzi - Directeur veille agroclimatique - INRA
La question n’a pas de sens pour moi. Les plantes ne réagissent pas mais subissent le changement climatique. Par rapport à la culture elle-même, il va induire des modifications des conditions agroclimatiques de la culture qui se traduisent par : 1- une augmentation du rayonnement global et de la teneur en CO2 favorables à l’accroissement de la biomasse végétale ; 2- une augmentation de la température facteur d’accélération de la phénologie de la culture donc de l’accélération du développement de la culture ; 3- une diminution des ressources en eau pour la culture, défavorable à la production de biomasse. Ceci résulte d’une diminution des précipitations avec des risques accrus de manque d’eau à des périodes clefs du cycle des cultures selon les cultures et les régions françaises.

A quelle tendance doit-on s’attendre à l’avenir ?

L’accélération des rythmes de croissance des plantes permettra par exemple aux cultures d’hiver, et en particulier aux céréales, d’échapper, aux stress hydriques et thermiques de fin de cycle. Globalement, les rendements du blé et des prairies seront légèrement augmentés car pour ces cultures, la fertilisation carbonée de l’atmosphère, pourra à terme compenser les effets néfastes des stress hydrique et thermique. Les épisodes de gel automnal seront moins fréquents et auront donc moins de conséquences pour les cultures d’hiver, notamment pour le colza par exemple.

Une des réponses pour limiter les risques de sécheresse ou de manque d’eau réside-t-elle dans la relocalisation de certaines cultures ?

Cela dépend de quel point de vue on se place. La relocalisation peut être perçue comme un effet favorable. L’augmentation de la température constitue une opportunité pour pouvoir cultiver des espèces estivales, par exemple comme le maïs, le sorgho ou le tournesol, dans le nord de la France et en moyenne montagne, de même que pour étendre la zone de culture de la vigne ou modifier les cépages. La relocalisation peut être perçue comme un effet défavorable. La situation la plus préoccupante est sans doute celle du maïs irrigué dans le Sud-Ouest qui, même avec une augmentation de l’irrigation, verra son rendement diminuer à cause du raccourcissement de son cycle. Le recours à des variétés à cycle très long permettrait de compenser ce préjudice mais en augmentant encore les besoins en irrigation.
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