Anticiper les besoins en création variétale

Vincent Béguier - Directeur Recherche & Développement - Jouffray-Drillaud

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Vincent Béguier - Directeur Recherche & Développement - Jouffray-Drillaud
Ce qui me plaît, c’est la stratégie de recherche car c’est anticiper l'avenir, traduire les acquis de la recherche fondamentale en recherche appliquée, et créer du matériel végétal original.

Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration des plantes ?

Notre pool de sélection constitue 95% de nos sources génétiques. Nous avons aussi recours aux variétés inscrites de nos concurrents et à quelques écotypes issus de banques génétiques. Enfin, nous procédons également à quelques échanges avec des partenaires étrangers.

Que faites-vous pour les préserver et les régénérer ?

Nous conservons au froid toutes nos créations. Nous participons à des travaux de prospection et de régénération d'écotypes à travers les travaux de l'ACVF, l’Association des Créateurs de Variétés Fourragères.

Qui peut les utiliser ? Sont-elles accessibles à tous ?

Notre matériel végétal n'est pas accessible, sauf quand il donne lieu à une variété inscrite libre de droits et ainsi de fait utilisable pour des travaux de recherche ou de création variétale. Nous protégeons nos variétés par des Certificats d’Obtention Végétale.

Comment identifiez-vous les attentes de la société ? Comment y répondez-vous dans votre métier de sélectionneur ?

Un programme de création variétale en fourragères nécessitera 15 ans pour être sur le marché. Nous devons donc imaginer les besoins des agriculteurs à long terme. Notre objectif est d'anticiper les évolutions climatiques et réglementaires, en créant du matériel plus résistant aux stress biotiques et abiotiques mais également en améliorant la valeur alimentaire pour une plus grande performance économique.

Citez-nous quelques exemples concrets d’amélioration végétale

Voici plusieurs exemples :
  • Une variété de luzerne résistante aux nématodes et à l'anthracnose (maladie due à différents champignons), mais aussi plus riche en protéines ;
  • Une fétuque élevée plus ingestible et digestible pour les animaux ;
  • Une vesce adaptée à l'inter-culture, à cycle court, à fort développement et à caractère gélif ;
  • Un ray-grass gazon plus résistant au piétinement et moins poussant pour limiter les tontes.

Comment est financé ce travail de recherche ? Quel est l'intérêt du « Certificat d'Obtention Végétale (COV) » ?

Ce travail de recherche est financé par les royalties et l'investissement de l'entreprise. Le COV permet de se protéger contre la copie et de garantir, le temps de sa durée, un retour sur investissement, par l'exclusivité de son utilisation.
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