Quels sont les axes de recherche autour de l'agriculture urbaine ?
En France de nombreuses initiatives se développent pour cultiver des légumes sur les toits. La recherche agronomique s'est donc emparée du sujet : l'INRA a lancé, en 2012, une expérimentation pour étudier la faisabilité de cultures sur les toits à partir de déchets organiques issus de la ville.
Les travaux ont d'abord consisté à recréer un sol composé de déchets urbains: compost, bois broyé, déchets verts, marc de café/ résidu de champignonnière... Ce sol articifiel a été évalué du point de vue des fonctions également rendues par un sol naturel: rétention d'eau, fourniture de nutriments pour la croissance des plantes, structure physique... L'un des objectifs de l'étude est aussi de regarder si ce type de sol est durable dans le temps.
Quels sont les résultats obtenus ?
Tout d'abord le rendement des cultures a été très satisfaisant, puisque la production est équivalente à celle d'un maraîcher biologique en pleine terre. Le sol artificiel permet de retenir une quantité importante d'eau, ce qui contribue à réduire la problématique de ruissellement des eaux de pluie et les risques de crue en ville. Ce sol reste également productif pendant au moins 3 ans, sans ajouter de fertilisants aux cultures. Enfin, la pollution atmosphérique de la ville a peu d'impacts sur les légumes récoltés : la présence de métaux lourds reste inférieure aux normes en vigueur.
Quelles sont désormais les pistes à approfondir ?
Plusieurs années d'étude vont être nécessaires pour avoir assez de recul sur l'évolution dans le temps de ces sols artificiels. Il serait également très intéressant d'étudier d'autres types de déchets organiques et minéraux pour recréer un sol cultivable. Et il reste un important travail à mener sur le modèle économique de ces types de productions. L'agriculture sur les toits ne peut pas seulement se limiter à produire des aliments. Avec les fortes densités en ville, elle rend de nombreux services : valorisation des déchets, aménagement du paysage urbain, sensibilisation et pédagogie auprès des habitants... Ces services doivent être intégrés dans le modèle économique de l'agriculture sur les toits.