Pourquoi une telle initiative ?
L’idée germait depuis plusieurs années déjà. Le déclic a été la directive européenne « Nitrates » qui rend obligatoire pour les agriculteurs un couvert végétal sur 100% des sols sensibles, en hiver, à partir de 2012 pour lutter contre l'érosion et préserver la qualité des ressources en eau. Alors que les agriculteurs avaient jusqu'ici tendance à privilégier l'implantation de la moutarde pour ces couverts végétaux car elle est peu coûteuse, pousse vite et est facile à détruire, les chasseurs ont estimé que la biodiversité serait mieux servie en jouant sur la complémentarité des
espèces.
Quels types de mélanges préconisez-vous ?
La petite faune sédentaire : perdrix, lièvres et encore faisans, est très friande de couverts variés. En fonction des situations, nous proposons trois types de mélanges : moutarde, avoine et vesce, graminées et légumineuses, enfin, sarrasin et phacélie. Ce dernier couvert doit être semé tôt en juillet ou début août mais il a le gros avantage de servir de garde-manger aux insectes pollinisateurs.
Le logo « conseillé par les chasseurs de Picardie » est apposé sur les sacs de
semences et
catalogues de produits de tous les partenaires de l'opération : coopératives, négoces et semenciers. Il permet aux agriculteurs d'identifier en un coup d'oeil les couverts les plus favorables à la petite faune sédentaire de plaine.
Quel accueil ont réservé les agriculteurs à votre initiative ?
Très bon en général, même s’il y aura encore des agriculteurs qui préfèreront jouer la facilité en implantant de la moutarde. Les mélanges que nous recommandons coûtent certes plus cher, mais s'ils sont bien utilisés grâce à nos notices techniques, les agriculteurs constateront, outre les bénéfices pour la faune, une augmentation de leur productivité. Notre objectif est de parvenir dès 2011 à 5.000 à 6.000 ha de couverts végétaux semés en Picardie avec nos mélanges.
Participez-vous à d’autres opérations en faveur de la préservation de la biodiversité ?
Nous relançons cette année l’opération « petits arbustes » initiée en 2010. Il s’agit d’implanter des buissons et des haies en zone de plaine afin de recréer un habitat propice au petit gibier. La fédération des 62 000 chasseurs de Picardie consacre un budget annuel d’environ 18 000 euros aux actions agricoles préservant la biodiversité.