Je me suis engagé à assurer le maintien de la variété en matière d’identité et de pureté variétale.
C’est un gros travail, car rien ne se croise plus facilement qu’une crucifère, comme le chou. On ne peut pas conserver une crucifère sans isolement et sans soin. Heureusement, ma maison est très isolée dans la vallée et je ne risque pas de pollinisations intempestives.
Ensuite, il faut cultiver suffisamment de plantes : je fais un carré de 100
plants à partir d’un semis en Août et d’une plantation en planches 6 semaines après. Dans ces 100, j’en choisis 10 à 15, les plus conformes au type : coloration des feuilles vert ardoisé avec nervures rose foncé, pomme légèrement pointue, etc. Je les mets en jauge en serre froide pour les protéger du gel et je les remets en culture en Mars dans un sol bien préparé et bien nourri, car les plantes sont plus fragiles en année de montée à graines. Il faut ensuite faire attention aux oiseaux qui adorent manger les graines. Puis je récolte et je laisse les siliques murir et s’ouvrir sur un plastique à plat pour récolter les graines que je stocke dans des sacs en toile au sec.
Mais attention, la
faculté germinative n’est pas bonne très longtemps, 3-4 ans maximum.
Et je renvoie un échantillon de
semences au
GEVES qui vérifie que la variété est bien restée conforme à la description tous les 5 ans.
J’ai donc la responsabilité de maintenir cette variété identique à elle-même et donner des garanties pour le maintien au
catalogue officiel. C’est un gros travail, mais cela m’a permis d’entrer en contact avec des collectionneurs de tous les pays, moi qui ne voyage pas. Cela m’a permis aussi de travailler avec l’Agence Régionale de l’Environnement, très intéressée par la biodiversité réelle. La difficulté va être de me trouver un successeur, en espérant qu’il pourra se faire épauler par un réseau de conservation des
variétés de choux bien structuré.
Je souhaite à tous les jardiniers passionnés, amoureux de leurs variétés locales, de voir leurs efforts récompensés par une reconnaissance officielle du patrimoine de leur région. Il faut de l’obstination, mais c’est possible !