Le colza, hybride naturel aux multiples usages

Sa richesse nutritionnelle, ses intérêts agronomiques, son utilisation en tant que carburant et ses qualités pour l’alimentation animale, alors que l’Europe est en déficit de protéines, font du colza une plante phare. Appartenant à la famille des Brassicacées (crucifères), le colza, Brassica napus var.napus, est une plante annuelle au cycle long, semée l’été et récoltée l’été suivant pour les colzas d’hiver. Son nom vient du néerlandais koolzaad (graine de chou).

Une hybridation originelle entre le chou et la navette

Le colza est issu d’un croisement entre un chou et une navette. Dès 2.000 avant Jésus-Christ, des textes le mentionnent. L’origine de cet hybride, méditerranéenne, n’est toutefois pas encore clarifiée. Le croisement a pu se produire dans la nature ou dans des potagers où étaient cultivés choux pour l’alimentation et navettes pour l’huile d’éclairage. L’hybride aurait été sélectionné puis amélioré par l’homme sous deux principales formes : le colza pour son caractère oléagineux, le rutabaga pour ses légumes racines. Espèce « récente », son fond génétique est donc relativement étroit.

La sélection de caractères agronomiques, nutritionnels et technologiques

La culture du colza se développe en Europe à partir du XVème siècle. À cette époque, l'huile de colza sert de combustible à lampes. Il faut attendre le XVIIIème siècle et l'amélioration des techniques de transformation pour que l’huile soit utilisée pour l’alimentation. Dans les départements du nord de la France, la production de colza prend son essor entre les années 1750 et 1850. La majorité de cette huile, produite par les moulins tordoirs, est exportée vers la région parisienne ou l'étranger. Entre le milieu du XIXème et le milieu du XXème, les surfaces françaises baissent en raison de l’importation d’huiles d’olive et d’arachide. La pénurie de matière grasse pendant la seconde guerre mondiale et la difficulté des pays exportateurs d’arachide (Sénégal) favorisent ensuite le développement des cultures oléagineuses, comme le colza et le tournesol. Les travaux de sélection vont dynamiser cette croissance. Le colza a été sélectionné, au début du XXème siècle, pour donner des « variétés populations ». A partir des années 1950, des lignées pures sont sélectionnées, puis dès les années 1980, l’obtention d’hybrides permet de tirer parti de l’effet d’hétérosis, c’est-à-dire la vigueur des hybrides par rapport aux parents. Au fil de ces étapes, la sélection variétale s’attache à accroître les rendements, la teneur en l’huile et sa qualité ; mais aussi à augmenter en particulier la résistance de la plante au froid, à la nécrose du collet, aux maladies fongiques.

Une huile alimentaire majeure et de qualité

C'est, aux côtés des huiles de tournesol et d'olive, une des principales huiles alimentaires européennes. La teneur en huile des graines est comprise entre 40 et 45%. L'huile de colza est d’une excellente qualité nutritionnelle. Elle contient environ 60 % d'acide oléique, acide gras mono-insaturé et des acides gras essentiels : 22% d'acide linoléique, dits Oméga 6 et 9% d'acide α-linolénique, dits Oméga 3. C'est donc une source rare et précieuse d’Oméga 3. Cette huile peut être utilisée en assaisonnement et pour la cuisson, mais elle n'est pas recommandée pour la friture. Elle entre dans la composition de certaines margarines. Par ailleurs, l’huile contenait de l'acide érucique, dont la toxicité a été démontrée dans les années 1960. Grâce au travail de sélection génétique, des variétés à très faible teneur en acide érucique ont été sélectionnées. Ce sont les seules admises pour la consommation humaine depuis 1973.

Une source de protéines pour l’alimentation animale

Après l’extraction de l'huile, les résidus, appelés tourteaux de colza, sont une source de protéines intéressante pour les animaux (ruminants et porcs), qui peut concurrencer avantageusement l’importation des tourteaux de soja. Les glucosinolates, composés présents initialement dans le tourteau mais provoquant chez les animaux des troubles du métabolisme, ont été éliminés grâce aux travaux de la création variétale moderne. Dans le cas, bien plus rare, du colza fourrager, la plante entière est utilisée pour l'alimentation du bétail : elle est broutée ou bien fauchée en début de floraison.

La multiplication des usages industriels

Transformée en ester méthylique, l'huile de colza donne le « diester », un biocarburant pour moteur diesel. L'huile de colza est aussi employée dans l'industrie comme agent anti-mousse, lubrifiant, solvant, détergent, etc. Elle entre dans la composition de produits cosmétiques et pharmaceutiques et dans la composition de plastiques et de caoutchoucs.

Un intérêt agronomique majeur

Les fleurs de colza produisent un nectar abondant, nourriture précoce et précieuse pour les abeilles, à partir duquel elles font un miel clair. Le colza peut servir de couvre-sol en hiver. Cet « engrais vert » induit un travail biologique du sol grâce à ses racines en pivot, et limite le lessivage de l'azote. Enfoui à la fin du cycle végétatif, il enrichit le sol. Bonne tête d'assolement, le colza est bénéfique pour la culture suivante. Il casse en particulier les cycles de certaines maladies spécifiques des céréales, majoritairement cultivées, puisqu’il ne fait pas partie de la même famille botanique. On comprend ainsi pourquoi nos campagnes se parent d’un jaune éclatant chaque année dès le mois d’avril.
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