Recycler, pour donner une seconde vie aux sacs de semences

Agriculteurs et semenciers se soucient de leur environnement. La preuve : ils sont de plus en plus nombreux à participer à la filière de collecte et de recyclage des sacs et des big bags de semences. Une dynamique orchestrée par l’organisme Adivalor. Les chiffres des dernières années ne cessent de progresser : signe de l’implication de tous.

Sacs de semences prêts à être recyclés. © Adivalor

Saviez-vous que la France est aujourd’hui un exemple, à l’échelle européenne, en matière de gestion et de recyclage de ses déchets ? Qu’il s’agisse des bidons vides de produits phytosanitaires, des big bags d’engrais, des bâches plastiques utilisées en maraîchage ou des ficelles et films d’enrubannage employés par les éleveurs, tous sont collectés par des filières de recyclage pour vivre une autre vie, sous une autre forme. Les sacs et les big bags de semences certifiées n’échappent pas à la règle.

Le principe du pollueur-payeur fonctionne bien

En matière de recyclage, tout a commencé en 2001 avec la création d’Adivalor, un éco-organisme, sans but lucratif, désormais porté par une dizaine d’actionnaires dont Ares, l’Association pour la récupération et le recyclage des emballages de semences. Consacrée tout d’abord aux bidons vides de produits phytosanitaires, cette filière de recyclage s’est agrandie au fil des années : 2009 pour les big bags de semences, 2012 pour les sacs de semences en papier et 2021 pour les big bags de plants de pommes de terre. Désormais, 25 types de déchets sont gérés par Adivalor.

Campagne après campagne, les volumes collectés progressent. En 2023, Adivalor a collecté près de 97 000 tonnes de déchets, soit 4000 tonnes de plus qu’en 2022. Ces volumes représentent 79 % du gisement total à l’échelle française. Même si Adivalor s’est donné l’objectif d’atteindre le 100 % collecté et recyclé d’ici à 2030, pour un gisement total de 110 000 tonnes, le bilan de l’année 2023 est déjà très satisfaisant. Il marque surtout une progression constante, traduisant l’implication de tous les acteurs. Car la particularité de cette filière repose sur le principe de responsabilité partagée entre tous les maillons de la chaine.

Les utilisateurs - les agriculteurs - préparent et stockent les produits en fin de vie : pour être correctement recyclés, ces déchets doivent être nettoyés et stockés selon un protocole propre à chaque produit. Les agriculteurs les apportent ensuite sur des sites mis à disposition par les coopératives, les négociants ou les chambres d’agriculture de leur secteur : à charge pour ces derniers d’en assurer le regroupement et l’entreposage. La collecte en tant que telle - planification, logistique et transport - ainsi que le recyclage sont assurés par Adivalor. Quel est alors le rôle des metteurs en marché ? Les semenciers - tout comme les producteurs d’engrais ou de produits phytosanitaires – financent, via une éco-contribution, le programme d’action d’Adivalor. Dès le démarrage de cette filière, les différents partenaires ont voulu acter le principe du pollueur-payeur. Une stratégie qui fonctionne !

Les big bags, recyclés en planchers béton

Les déchets collectés sont, aujourd’hui, recyclés en moyenne à 90 %, en France ou à l’étranger. La relocalisation du recyclage dans les territoires français s’accélère. D’ailleurs, Adivalor vise 80 % de recyclage réalisé en France d’ici à 2025. Pour atteindre cet objectif, plusieurs unités ont vu le jour ces dernières années dans l’hexagone : un site dédié au recyclage des big bags devrait être inauguré en mai 2024 dans l’Eure, en Normandie, en partenariat avec l’entreprise Novus. Objectif : atteindre, dès le lancement, une production de 10 000 tonnes de matières plastiques recyclées à partir de ces big bags. En 2022, plus de 8800 tonnes de big bags (semences et engrais) ont été collectées partout en France, contre à peine 400 tonnes en 2007. Pour ces produits, le taux de collecte est estimé à 90 %, en augmentation régulière ces dernières années. Autre chiffre important, le pourcentage de recyclage. En 2022, pour ces produits, il atteint 100 %, contre 94 % trois ans plus tôt. Une fois la matière plastique régénérée, elle est utilisée dans la fabrication d’éléments de construction, notamment dans le bâtiment. Cinq big bags permettent ainsi la fabrication de cinq hourdis, des « briques » utilisées pour constituer des planchers en béton.

Sacs en papier : une collecte en nette progression

Pour les sacs de semences en papier, utilisés pour conditionner les semences certifiées de céréales, de protéagineux, d’oléagineux, d’espèces fourragères ou potagères, les chiffres sont, logiquement, un peu moins élevés : la filière ayant été lancée plus récemment. Mais les objectifs sont tout aussi ambitieux. Le gisement de sacs de semences en papier usagés s’élève à près de 2 800 tonnes par an. Avec un taux de collecte de 41 % en 2022 (+ 10 points par rapport à 2020), le programme a permis de collecter au total 1 139 tonnes de sacs usagés cette même année, soit 78 tonnes de plus en un an. Les sacs en papier collectés sont recyclés pour fabriquer des couches de protection de panneaux isolants ou sont valorisés comme combustibles de substitution en cimenterie. Et n’oublions pas que 10 kilogrammes de sacs en papier recyclés permettent d’économiser 10,4 kilogrammes de bois et 500 litres d’eau. Chaque sac collecté apporte sa pierre à l’édifice !

Carole Loiseau

Les agriculteurs sont responsables de la gestion de leurs déchets. Aussi, opter pour les bons gestes, dès l’utilisation des sacs en papier ou des big bags, participe à un « bon » recyclage : le brûlage ou l’enfouissement de ces déchets étant bien sûr interdits. L’enjeu est de proposer à la filière de collecte des sacs vides, propres, secs, conditionnés par fagots de 40 ou 50 pour faciliter leur reprise. Lors de la manipulation des sacs, l’utilisateur devra s’équiper de protections individuelles (gants, vêtements de travail...), elles-mêmes collectées et recyclées par Adivalor !

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