Jusqu’au XIXème siècle, les agriculteurs cultivent des variétés dites « de pays », c'est-à-dire des populations dont les individus présentent une certaine variabilité. A partir de 1850, ces populations sont peu à peu remplacées par des blés dits aquitains. « Le Marquis de Noé importe des blés d’Odessa ayant une bonne valeur boulangère, qui vont se répandre sur le territoire. Il donne ainsi son nom (Noé) au plus célèbre des blés aquitains. Prince Albert, variété anglaise, va servir de géniteur à la première variété mise au point par la sélection moderne, qui utilise des lignées pures et non plus des populations : les variétés sont désormais fixées », raconte le spécialiste. En effet, à partir de ses lignées anglaises, Vilmorin élabore les premières variétés modernes (Dattel), où tous les individus sont identiques dans la parcelle. Elles allient la productivité des blés anglais et la précocité et valeur boulangère des blés aquitains. Plus tard, les hauteurs de paille sont réduites pour mieux résister à la verse (blé couché par les intempéries) et favoriser la récolte, grâce à l’introduction d’un gène du nanisme, issu d’un blé asiatique. Grâce au travail de sélection, les blés continuent de plus belle à coloniser les continents ; les sélectionneurs les adaptent en parallèle à différentes utilisations (pains, biscuits, pâtes, fourrages, etc.). Les collections actuelles sont constituées de milliers de variétés. Citons à titre d’exemple le blé Miracle (un blé poulard au génome AB qui n’a de miracle que le nom puisque les épis en forme de touffes ont un rendement et une qualité médiocres), Vilmorin 27 (crée en 1927 et doté d’une bonne qualité boulangère), Cappelle, Soissons (très bon blé panifiable), Apache (qui résiste à la fusariose, maladie à l’origine de mycotoxines), Barok (variété rustique qui résiste bien aux maladies), Pirénéo (blé rustique utilisé en agriculture biologique), Andalou (variété précoce), Premio, Trapèze, Pakito, etc… Notre civilisation basée sur le pain n’est donc pas due au hasard. Elle est née de la richesse génétique des origines du blé, et à l’habileté des hommes pour en tirer le meilleur. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants, en partenariat avec le Comité Nord, les Ets Carneau, les Ets Florimond Desprez le 13 juin 2012 chez les Ets Florimond Desprez à Cappelle-en-Pevèle (Nord).