La sélection du blé au service d'une diversité d'utilisations

Parcelle de production de semences de blé tendre
 Crédit photo : Sébastien Champion
Pour leurs cultures, les agriculteurs peuvent choisir parmi plusieurs centaines de variétés de blé. Cette diversité permet de satisfaire des utilisations multiples (alimentation animale, farines pour le pain, les pâtes ou la biscuiterie, etc.). C’est précisément le métier des sélectionneurs que d’élaborer des variétés productives, répondant à des usages divers et à une agriculture durable.

L’agronomie au cœur des objectifs de sélection

« Les objectifs de l’amélioration des plantes sont multiples. Si le rendement est évidemment l’objectif principal, la résistance aux maladies (rouilles, fusariose, septoriose, piétin verse, etc.) est primordiale pour réduire l’utilisation des intrants. Pour y parvenir, les ressources génétiques sont nombreuses parmi les ancêtres et les variétés actuelles de blé : citons par exemple le blé chinois (Sumaï 3) qui possède une résistance à la fusariose », explique Thierry Demarquet, sélectionneur blé tendre chez Florimond Desprez. Les nouvelles variétés doivent aussi pouvoir s’adapter à l’évolution des conditions climatiques grâce à des variétés d’Afrique de l’Est et du Moyen-Orient (résistance à la sécheresse) ou des variétés issues des régions du Nord (résistance au froid). L’utilisation optimale de l’azote du sol est un objectif qui prend également une grande importance, dans le cadre d’une agriculture durable, alors même que le prix des engrais minéraux augmente. L’amélioration de ce caractère est particulièrement complexe car de nombreux gènes sont impliqués.

Adapter la céréale à ses usages

Outre ces objectifs agronomiques, les sélectionneurs s’attachent à améliorer les qualités des blés, en fonction de leur utilisation. « L’usage boulanger est le plus répandu. Beaucoup des blés inscrits au catalogue français ont une bonne valeur boulangère », poursuit le spécialiste. La farine extraite de ces blés, mélangée à de l’eau, donne une pâte panifiable, dont la « force » a été améliorée pour permettre un pétrissage industriel. La farine biscuitière, au contraire, donne une pâte extensible qui s’hydrate peu et se développe peu, du fait d’une teneur plus faible en protéines. L’alimentation animale est un autre débouché important pour le blé, parfois directement consommé sur la ferme. Le rendement en grains et en paille, ainsi que la teneur en protéines, sont recherchés par les éleveurs. Les débouchés non-alimentaires commencent aussi à prendre leur place (pharmacie, lubrifiants, cosmétiques, etc.).

Un travail de sélection patient et délicat

L’élaboration d’une nouvelle variété est un travail lent, qui peut prendre une dizaine d’années. La première étape est le croisement. « On parle d’hybridation manuelle. C’est la même méthode qui est pratiquée depuis un siècle et demi. On fait une castration manuelle et on apporte du pollen. On essaye bien sûr de combiner les qualités des deux parents. On recherche dans leur descendance la meilleure combinaison », indique Thierry Demarquet. Il faut 8 à 10 générations, donc autant d’années, pour fixer l’ensemble des caractères génétiques. « A l’issue de ces années au cours desquelles nous évaluons le rendement, la résistance aux maladies et aux stress, et la valeur d’utilisation, nous faisons deux années d’études officielles sous le contrôle du Ministère de l’Agriculture », poursuit-il. Si la variété est inscrite au catalogue officiel, les semences peuvent être commercialisées. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants, en partenariat avec le Comité Nord, les Ets Carneau, les Ets Florimond Desprez le 13 juin 2012 chez les Ets Florimond Desprez à Cappelle-en-Pevèle (Nord).

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